Mélanie Deveaultl, fondatrice et présidente-directrice générale de VIVRE et Grandir Autrement, lance un cri du cœur aux entrepreneurs de la région de Vaudreuil. Pour elle, l’enjeu de la pénurie de main-d’œuvre pourrait être partiellement comblé si on favorisait l’intégration des autistes dans le milieu du travail. « Ces jeunes-là servent à quelque chose. Si on intervient, ça en fait de la main-d’œuvre, des bénévoles de qualité, des gens à l’accueil, ça fait une communauté inclusive et participative », explique-t-elle.
À l’AGA de la CCIVS en septembre dernier, Mme Deveault a pris la parole afin de se faire connaitre en tant que ressource pour les jeunes autistes, de se faire reconnaitre pour ensuite partager avec les entrepreneurs de la région sur ce que représente cette clientèle de travailleurs. Pour cette consultante spécialisée en autisme et autres troubles neurodéveloppementaux, les autistes pourraient donc pourvoir des postes en ces temps de pénurie de main-d’œuvre.
VIVRE et Grandir Autrement
VIVRE et Grandir Autrement opère depuis 10 ans sur le terrain et existe sous son entité actuelle depuis 2020. C’est un organisme de bienfaisance enregistré et une ONBL d’économie sociale ayant pour but de créer un espace spécialisé, complémentaire et rassembleur pour la population autiste.
Les autistes, une solution à la pénurie de main-d’œuvre ?
La pénurie de main-d’œuvre touche une vaste majorité d’entreprises. Sujet important lors des dernières élections provinciales, certains partis politiques proposaient une hausse de l’immigration afin de répondre à cet enjeu. Cependant, il semble y avoir d’autres alternatives. C’est ce que Mélanie Deveault tente de démontrer.
Selon la PDG de VIVRE et Grandir Autrement, les autistes pourraient répondre à la demande en comblant des postes qui pourrait ne pas intéresser une majorité. En Ontario francophone, un jeune homme de 17 ans travaille dans un cabinet d’avocats où il s’assure de déchiqueter les documents importants. « Pourquoi on ne valorise pas cette clientèle ? Pourquoi on n’en parle pas ? », s’interroge Mme Deveault.
L’été dernier, pendant deux heures, une ferme des environs a accueilli un jeune autiste de l’organisme de Mme Deveault. Il n’a pas pu continuer puisque ce n’était pas un moment propice, mais encore aujourd’hui, il continue de parler de son expérience.
Un système complexe et peu adapté à leurs besoins
Pour la présidente de l’organisme, le système semble problématique : « il y a plein de jeunes qu’on perd dans le réseau qui pourrait être de la main-d’œuvre qualifiée », explique-t-elle. Étant donné que le système scolaire ne permet pas des approches spécifiques à leurs besoins, plusieurs n’ont tout simplement pas de diplôme. Selon Mme Deveault, si leur parcours était adapté, plusieurs pourraient avoir une carrière. Cependant, elle précise que l’ensemble des systèmes doivent travailler de pair puisque l’autisme touche le système de l’éducation, le système de santé ainsi que le Ministère du Travail, soit les trois principaux partenaires.
Avec VIVRE et Grandir Autrement, Mélanie Deveault veut notamment offrir des services d’accompagnement adapté afin de favoriser l’insertion socioprofessionnelle des autismes à l’aide de stages et de plateaux de travail. Ces derniers seraient adaptés aux différentes conditions comportementales.
Comprendre l’autisme pas à pas
La mission de Mme Deveault est de sensibiliser les entrepreneurs à l’autisme. Elle veut les former afin qu’il y ait un travail de collaboration entre eux et les autistes. « J’en ai qui sont extrêmement de haut niveau de fonctionnement intellectuellement », ajoute-t-elle. « Ces jeunes-là servent à quelque chose. Si on intervient, ça en fait de la main-d’œuvre, des bénévoles de qualité, des gens à l’accueil, ça fait une communauté inclusive et participative », explique Mme Deveault.
Pour la consultante, l’incompréhension du spectre de l’autisme semble être une barrière à la valorisation de cette clientèle. Selon le Centre d’évaluation neuropsychologique et d’orientation pédagogique (CENOP), « c’est un trouble neurodéveloppemental qui touche principalement la communication socioémotionnelle et donc la réciprocité sociale combinée à la présence d’intérêts restreints et stéréotypés chez le petit, le jeune ou l’adulte autiste ».
En d’autres mots, Mme Deveault explique que la forme de pensée des autistes est différente de celle des gens sans trouble, mais reste très fonctionnelle au travail. Tout relève d’une compréhension des besoins de l’individu, d’un parcours adapté ainsi que d’une intégration graduelle au marché du travail.